Friday, 2 April 2010

Mais où donc se cache le pollen? Journal d'une apicultrice -- par Noëlle De Roo Lemos

Mi-Mars. Le temps s'est considérablement radouci et la neige autour des ruches est presque entièrement disparue. Pedro et moi vaquons en toute tranquillité à divers travaux printaniers autour de la maison tandis que de nouveaux arrivants s'ébattent bruyamment, en contrebas, du côté de l'étang.

Ce sont des bernaches (Branta canadensis) qui viennent d'arriver de leurs quartiers d'hiver dans le Sud. Comme à chaque année, elles viennent nicher chez nous. En ce moment même, le mâle pourchasse à grands cris un groupe de congénères qui cherche à s'approprier le territoire tandis que la femelle assiste, tranquille en apparence. Manoeuvres d'intimidation, coups de bec et voilà les envahisseurs en déroute.
Harle huppé mâle
Un Harle huppé (aussi appelé Bec scie à poitrine rousse ou Mergus serrator) de même qu'un couple de colverts (malards ou Anas platyrhynchos) se sont également pointés. Mais ils n'ont fait qu’un tour et probablement reviendront-ils plus tard. Pour qui vit en pleine zone de nidification les surprises sont constantes.
Colvert
La nature, en plein éveil, fait fi des calendriers. Tout comme les abeilles qui célèbrent le printemps depuis une dizaine de jours déjà. Justement, il est grand temps d'aller leur rendre visite. Comme de raison elles rentrent et sortent des ruches dans un vrombissement perpétuel. Je ne puis m'empêcher d'aller regarder d'un peu plus près le plateau d'envol mais... se peut-il que, dans ce foisonnement étourdissant d'allées et de venues, elles soient déjà en train de rentrer du pollen? Malgré la température clémente, cela me paraît nettement prématuré.

On dit du pollen que c'est le steak des abeilles.Riche en protéines, il va servir à l'alimentation des larves qui en dépendent pour leur développement. Grâce à un appétit féroce elles deviendront, en près de trois semaines, de jeunes et vigoureuses abeilles. Le pollen consiste en des petits grains, collectés sur les étamines des certaines fleurs, que les butineuses emmagasinent dans des petits sacs, ou pelotes, situés sur leurs pattes postérieures. Alors, pas de doute, c'est bien du pollen qu'elles traînent avec elles à l'intérieur de la ruche.
Abeille transportant du pollen
Comme pour les oies, comme pour les canards, nous sommes incontestablement en avance cette année. Cela veut dire que les reines se préparent à pondre ou, même, qu'elles ont déjà commencé à le faire. Cela veut dire encore que la vie de ces courageuses et infatigables petites ouvrières qui butinent en ce moment afin d'assurer la relève va bientôt prendre fin. Elles auront traversé tout l'hiver et permis à leurs reines de rester bien au chaud, une existence exceptionnellement longue si l'on considère que la durée de vie d'une abeille, en temps normal, n’est que de cinq à six semaines. Leur temps achève. Une jeune génération s'apprête indubitablement à reprendre le flambeau.

Mais où donc se cache le pollen? Il faut absolument découvrir d'où provient cette manne. À deux, nous partons faire le tour des saules, l'une des premières sources dans notre coin, des noisetiers et des érables, autres sources généreuses. Le résultat est peu probant. Les aulnes, peut être? Mais non, malgré des bourgeons bien apparents, le pollen n'est pas au rendez-vous. Notre promenade se poursuit au delà des nos frontières et bientôt nous frappons à la porte de nos voisins. Tous, Fabienne, Georges ou Ghislaine partagent fraternellement notre interrogation. Ils sont cependant incapables de nous venir en aide. Où est le pollen? Probablement dans des recoins protégés au micro-climat plus avantageux. Nos abeilles, grâce à leurs ailes, peuvent facilement parcourir deux, trois kilomètres. Nos jambes, elles, n'en feront pas autant aujourd’hui. Nous décidons de rentrer, bredouilles peut-être, mais heureux.
*****
Vidéos: la migration des bernaches nonnettes, de Dieppe vers le Groenland, tirée du film de Jacques Perrin Le peuple migrateur / Winged Migration. Voir aussi la magnifique sequence du début, tourné d'une hélicoptère, du nouveau film/DVD de Sylvie van Brabant, Visionnaires planétaires, où les oies blanches passent le fleuve Saint-Laurent en migration vers l'arctique.

4 comments:

Anonymous said...

Bonjour, cela se pourrait-il que les abeilles revinssent avec du miellat?

noelle said...

Je ne crois pas. Si ma mémoire est bonne elles absorbent le miellat qui est plutôt visqueux. Or il était évident que ce qu'elles ramenaient était déposé dans la corbeille à l'arrière des pattes. C'est un processus davantage mécanique où les poils jouent le rôle de ramasser les grains de pollen récoltés et de les y repousser. La question est cependant intéressante et je vais faire une petite recherche. Merci d'y avoir pensé. Je vous reviendrai.
NDRL

noelle said...

Bonjour ignosis,
j'ai fait une petite recherche sur le miellat. Je vous invite à regarder ce mot sur Wikipedia. C'est fort intéressant. Voyez également ce tout petit vidéo http://www.myrmecofourmis.fr/spip.php?article80
et vous verrez comment les fourmis le récoltent.
Vous ne le regretterez pas
NDRL

Anonymous said...

Merci du lien avec les fourmis