Monday 24 March 2008

Globalisation et Altermondialisation

photo: Didier Coeurnelle 2005.
Forum Social Mondial à Porto Alegre

Extraits de l'article du professeur Raphaël Canet, paru dans Le Devoir 18 Juillet 2007:
Au cours des années 1980, l'idéologie néolibérale pénétrait les arcanes du pouvoir des pays les plus puissants du monde occidental pour s'y installer durablement. Mais cela ne suffisait pas, il fallait qu'elle étende son empire sur le monde entier, ce qu'elle fera par l'intermédiaire des organisations internationales à vocation économique (OMC, Banque mondiale, FMI, OCDE) et de leurs fameux plans d'ajustement structurel ...

Il y a tout un processus politique de négociations, de tractations et de jeux d'influence entre les membres d'une certaine élite politico-économique qui a très bien conscience de ses intérêts et qui sait les défendre, notamment dans l'espace médiatique. Les quelques milliers de participants triés sur le volet du Forum économique mondial de Davos, qui se réunissent chaque année depuis plus de 30 ans, ceux du Forum économique des Amériques qui vient de tenir sa 13e édition à Montréal, ou encore les membres du G8 ou de l'OCDE qui se rassemblent aussi annuellement, tous adoptent une approche très dynamique à la suite de leurs rencontres.... La Banque mondiale et le Fonds monétaire international... permettent à la machine néolibérale de s'imposer et de fonctionner, avec tout le pouvoir de coercition dont elle a besoin: négociation sous pression, chantage, recours aux tribunaux, aux sanctions économiques, réformes imposées et «conditionnalités». Le néolibéralisme approfondit les inégalités sociales
  • de faramineux profits pour la haute finance (il n'y a jamais eu autant de patrons milliardaires que ces dernières années)
  • tout en abandonnant à leur triste sort les plus pauvres (la moitié de la population mondiale -- 3,2 milliards de gens -- vit avec moins de 2 $ par jour),
  • et demain la classe moyenne (nombre record de près de 200 millions de chômeurs à travers le monde cette année, selon l'Organisation internationale du travail)...
L'antimondialisation est née

Le 1er janvier 1994, jour de l'entrée en vigueur de l'Accord de libre-échange nord américain (ALENA), les indiens du Chiapas prennent les armes. L'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN) et son chef charismatique, le sous-commandant Marcos, déclenchent une offensive... La mondialisation économique était en train de tuer les cultures ancestrales....

Le mouvement social de novembre-décembre 1995 en France pour la défense du service public, la lutte transnationale de 1998 contre l'Accord multilatéral sur les investissements (AMI) consacrant la puissance de la haute finance et, surtout, les manifestations de Seattle contre l'OMC et ses cycles de libéralisation du commerce mondial, en 1999, témoignent de ce mouvement pluriel de contestation du modèle néolibéral.

Après les 40 000 manifestants de Seattle, 15 000 personnes ont investi les rues de Washington contre la Banque mondiale en avril 2000; 20 000 à Prague (République tchèque) contre le FMI en septembre 2000; 50 000 à Québec en avril 2001 contre la ZLEA; 20 000 à Göteborg (Suède) contre l'Union européenne en juin 2001; plus de 200 000 à Gênes (Italie) contre le G8 en juillet 2001...

À ce titre, selon un récent sondage de l'institut chilien Latinobarómetro, 14 % de la population d'Amérique latine et des Caraïbes (soit près de 80 millions de personnes) est prête à descendre dans la rue pour manifester son opposition à des politiques gouvernementales jugées illégitimes. Des chiffres qui font rêver les mouvements sociaux nord-américains.

Le mouvement antimondialisation s'est répandu comme une traînée de poudre... Il fallait démystifier le discours néolibéral, combattre la pensée unique, manifester son opposition aux négociations derrière des portes closes, ramener le débat dans la rue, défendre la démocratie. À la suite des manifestations de Seattle (novembre 1999), les mobilisations antimondialisation se sont multipliées sous la forme de contre-sommets... Mais le mouvement ne pouvait demeurer dans cette position négative de contre-sommet, de contre-discours, de contestation qui l'entraînerait inexorablement dans un cycle destructeur de violence, comme le laissait présager la mort du premier manifestant antimondialisation, Carlo Giuliani, lors des événements de Gênes. Le mouvement devait donc évoluer du stade de l'opposition à celui de la proposition. C'est cette prise de conscience qui a conduit à l'organisation du premier Forum social mondial à Porto Alegre (Brésil) en janvier 2001.

(Depuis, le FSM a essaimé en regroupements continentaux comme le Forum social européen, le Forum social des Amériques, le Forum social africain, le Forum social asiatique, des forums nationaux, régionaux ou encore locaux. En août 2007 s'est tenu le premier Forum social québecois, qui sera suivi de celui du Saguenay en mai 2008. Un nouveau site web en 2008 offre la liaison globale et prépare le Forum des Amériques pour octobre 2008 au Guatèmala.)
Voir aussi Alternatives.ca et CMAQ pour mises à jour.
et le vidéo Changer le monde : quelle drôle d’idée ?! (2007, 90 m) maintenant disponible sur DVD: trois jeunes, une malienne, une québécoise et un autochtone de Vénézuela découvrent la diversité altermondialiste de Porto Alegre.

En español: Wikipedia sobre FSM y
Antiglobalización, Naomi Klein La doctrina del shock con videos; revista de Walden Bello en Enfoque sobre Comercio; actualidades en wsf2008.net y Ecoportal.net

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