Depuis octobre 2008 Achim Steiner du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'environnement) prône un New Deal vert. Il en révèle progressivement les détails, durant les réunions des G20 et G8, étapes essentielles vers le traité de Copenhague prévue pour décembre 2009, qui déterminera le régime post-Kyoto depuis 2012.Les coûts sont bien moins que les pertes prévues si l'on continue la pollution de l'air, des eaux et de la terre: 1% du produit intérieur brut (PIB) mondial* soit environ 750 milliards de dollars echelonnés sur une décennie, dans cinq secteurs différents: la création de bâtiments efficaces en énergie, l'énergie renouvelable, le transport durable, l'eau douce et l'infrastructure écologique, et l'agriculture durable.
Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, disait au G20 que le sauvetage de l'économie mondiale ne doit pas laisser de côté l'agenda du développement et la nécessité de protéger les plus vulnérables. Cette position est soutenue à la fois par des économistes notables tels Nicholas Stern, Joseph Stiglitz, Jeffrey Sachs, et sur le plan moral par plusieurs groupes religieux autour du monde (ex: Uppsala, ARC); le pape Benedict XVI vient de prendre position pour faire pression sur le sommet G8 en juillet 2009. Pour la première fois, Ban Ki-Moon y dénonce vertement la manque de volonté des pays industrialises.
Le rapport du PNUE (PDF en anglais) décrit les multiples bénéfices économiques, environnementaux et sociaux d'un investissement substantiel pris sur le plan de relance de l'économie de 3.000 milliards de dollars. Voici ses cinq volets:
1. Améliorer l'efficacité énergétique des nouveaux comme des anciens bâtiments. La construction est en effet responsable de 30 à 40% des émissions de gaz à effet de serre. 100 milliards investis sur quatre ans dans ce domaine aux Etats-Unis devraient générer deux millions d'emplois, selon le rapport. Dans le monde, cela pourrait créer ou rendre plus verts 110 millions d'emplois.
2. Investir dans l'énergie renouvelable. Il faudra quelque 45 milliards de dollars d'ici à 2025 pour répondre aux besoins énergétiques tout en luttant contre le changement climatique. Si l'on investissait 630 milliards de dollars d'ici à 2030 on créerait 20 millions d'emplois supplémentaires dont deux millions dans l'énergie éolienne, 6,3 millions dans le solaire et 12 millions dans les biocarburants.
3. Le transport durable est une nécessité alors que la flotte mondiale de voitures doit tripler d'ici à 2050, à 90% dans des pays qui ne font pas partie de l'OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique). Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC) recommande d'améliorer le rendement énergétique de 50%. L'accélération des investissements dans les technologies hybrides pourrait créer 4 millions d'emplois dans le monde et 19 millions dans la vente et la réparation. Mais il faut aussi investir dans le train à grande vitesse. Ainsi un investissement de 10 ans aux Etats-Unis pourrait créer 250.000 emplois.
4. L'infrastructure écologique et hydrologique: investir 15 milliards de dollars pour réaliser un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD, MDG en anglais), celui de diminuer de moitié le nombre de personnes qui n'ont pas d'accès durable à l'eau potable et à l'assainissement, pourrait générer des bénéfices mondiaux de 38 milliards de dollars dont 15 milliards rien qu'en Afrique sub-saharienne.
5. L'agriculture durable permettra non seulement de réduire la pauvreté mais aussi améliorer la sécurité alimentaire, réduire la pression sur les écosystèmes et le climat. L'agriculture bio est en plein essor et les ventes de produits organiques s'élèvaient à 46 milliards de dollars en 2007.
En mai Steiner s'est dit époustouflé par la politique de stimule des pays riches. Depuis une décennie le PNUE est en attente de $5 milliards pour développer les énergies vertes afin de réduire les impacts environnementaux, maintenant on voit $20 milliards accordés pour sauver un seul fabricant d'autos: Global-Changes.com 7 mai 09. [Le stimule américain à lui seul pourrait se chiffrer dans le $700 milliards.]
-- NB: les cinq points du PNUE ci-dessus sont tirés du communiqué du 19 mars 09 du Centre d'actualités de l'ONU. Pour mises à jour voir de récents rapports en français du PNUE et son site Pour une économie verte. Une critique pertinente du plan Steiner, Les mécanismes internationaux du marché du carbone... vient d'être publiée par le prestigieux Institut international du développement durable. Sa version anglaise est International Carbon Market Mechanisms in a Post-2012 Climate Change Agreement (IISD, May 2009). See also UNEP Green Economy Initiative website and recent reports.
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*1% du PNB: voir le propos de la Chine et du G77, regroupement des pays en développement, comparé aux engagements minimes ou fictifs des pays riches pour Copenhague. EurActiv du 15 avr 2007 dresse un dossier des enjeux économiques, tout en notant l'opposition féroce des sacerdoces du capitalisme sauvage; dont des critique sévères dans Libération 30 juin 09 par Geneviève Azam, économiste à l’université de Toulouse-II et membre du conseil scientifique d’Attac; et par une foulée d'activistes québécois dans une lettre collective au Devoir 10 juin 09.
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