Dix ans après le film-choc L'erreur boréale du Richard Desjardins, le Québec tarde encore une réforme urgent du domaine forestier. Il y a cinq ans déjà, le rapport Coulombe posait 81 recommandations, dont aucune n'est encore réalisée.
Selon Greenpeace, le projet de loi actuel (Bill 57) entraînerait la disparition des dernières forêts intactes du Québec. Moins de 5% de la forêt boréale commerciale est actuellement protégée et Québec n’a toujours pas démontré sa volonté de préserver les secteurs forestiers les plus menacés.
Le 27 juillet, seize activistes se sont enchaînés aux portes du Ministère des Ressources naturelles et de la faune (dont la contradiction entre exploitation et conservation saute aux yeux). Tous étaient arrêtés, mais la ministre leur a finalement accordé une entrevue.
Les demandes de Greenpeace:
Inclure la création d’une stratégie de sauvegarde de nos dernières forêts intactes conjointement avec le Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, dans une section de la Loi dédiée spécifiquement à la création d’aires protégées. Actuellement aucune section ne traite de la création d’aires protégées dans le projet de loi. [nb : jusqu'ici l'exploitation l'a toujours emporté sur les lois environnementaux]
Adopter la principale recommandation de la Commission Coulombe qui visait à mettre réellement en place l’aménagement écosystémique au coeur de la gestion forestière québécoise. Actuellement le thème « aménagement écosystémique » n’apparait pas dans le projet de loi.
Donner comme mandat au Forestier en chef de maintenir une marge de manoeuvre pour la conservation dans ses calculs de possibilité forestière. Actuellement le Forestier en chef a pour mandat de maintenir ou d’optimiser la possibilité forestière et représente donc un frein majeur à la protection des forêts intactes.
La riposte n'a pas tardé. Le 1 août, le Conseil de l'industrie forestière du Québec menace une grève d'investissement si la ministre cède aux écolos. C'est l'ancien ministre Guy Chevrette (PQ), devenu PDQ du Conseil, qui donne interview au Gazette anglophone, signe s'il en est une de la porte tournante qui existe entre gouvernements et lobbys corporatifs. Son remplaçant au Ministère, le dentiste Pierre Corbeil (Lib), a trouvé la reforme forestière plus difficile qu'arracher les dents. Il ne s'est fait reélire qu'en promettant un gros soutien financier aux compagnies. L'actuelle ministre Nathalie Normandeau ne pèse pas lourd dans le cabinet de Jean Charest, dont le Plan Nord, soi-disant protéger la moitié du territoire boréal, annonce au fait la déstruction du reste.
Voir le plan Nord en version officielle et son analyse critique. Bilan de la politique forestière par Richard Desjardins d'Action boréale au Devoir 10 juin 2009 : « Dix ans après ».
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