Wednesday 7 April 2010

Le nourrissement de printemps - Journal d'une apicultrice -- par Noëlle De Roo Lemos

Grand bec scie femelle toute mignonne avec sa petite houppe rousse savamment décoiffée
Fin de semaine de Pâques, il fait beaucoup trop chaud (29°C à l'ombre). Si cela continue ainsi et que le gel se réinstalle, la floraison de printemps est compromise. Et qui dit floraison compromise dit miellée (récolte de nectar et de miel) menacée. Ce fut le cas l'an dernier, pour une bonne partie de la saison d'été d'ailleurs. Par contre, on va pouvoir ouvrir les ruches aujourd'hui et s'assurer que tout va bien (ne jamais le faire si la température est inférieure à 15°C). Vue du dehors, l'activité des ruches est excellente depuis plusieurs jours.

Mais quelles surprises nous réserve l'intérieur après tous ces mois d'hiver? Une à une, celles-ci doivent être soigneusement inspectées: la reine pond-elle de façon régulière et satisfaisante? y a t-il des réserves de pollen et de miel suffisantes pour faire face aux besoins en ce début de saison? des maladies se sont-elles installées? C'est que nous allons voir.
vieux cadre: courtoisie de beeanonymous
Nous profiterons également de ces manipulations pour enlever les vieux cadres dont la cire, presque noire, peut être une source de problèmes (entre autres de maladies). Nous les remplacerons par des cadres neufs.

Bon, tout s'est bien passé. Les abeilles sont en forme. Les informations recueillies sont soigneusement retranscrites dans un petit cahier et nous serviront pour la prochaine visite. Il ne nous reste plus, à présent, qu'à les nourrir.
Le nourrissement: photo Lemos
Or c'est la première fois, depuis nos débuts en apiculture, que nous prenons une telle décision. Étant donné un début de saison hors normes (chaleurs nettement prématurées) nous cherchons ainsi à nous assurer qu'elles tiendront jusqu''à ce que les fleurs fassent leur apparition. Nous préparons à cet effet un sirop qui consiste en un mélange sucre/eau, dans une proportion un tiers/deux tiers, que nous distribuons dans des flacons d'à peu près un litre. Cette opération pourra être répétée deux fois par semaine tant que le besoin se fera sentir. C'est ce qu'on appelle le "nourrissement" de printemps.

Voilà pour les abeilles. Et que se passe-t-il du côté de l'étang en contrebas? Et bien, il semble que des bernaches aient déjà fait leur nid. La femelle n'a pas encore pondu, mais les ébats auxquels nous assistons nous font croire que c'est pour bientôt. Les voilà qui pourchassent un couple de passage qui menace leur territoire. La femelle se joint au mâle dans ces tentatives, réussies d'ailleurs, d'intimidation.
Bec scie couronné mâle
On voit également des canards se promener par groupes de trois, une femelle pour deux mâles. Ce sont trois colverts et trois Harles couronnés (également Becs scie couronné ou Lophodyte cucullatus) qui ont récemment fait leur apparition. Un couple de Grands harles (Grand bec-scie ou Mergus merganser) a, pour sa part, déjà fait son choix parmi les nichoirs que Pedro a installés. La pariade bat son plein.

Et des coyotes hurlent la nuit avec une telle intensité (au point de nous réveiller) qu'on en déduit que le temps des amours a bien commencé de ce côté là également. La nature, dans son ensemble, semble s'être donné le mot pour se faire belle et intéressante.

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