Mme Brundtland était la première à admettre qu’au fond le “développement soutenable” était un compromis. Quinze ans d’inaction gouvernementale depuis le Sommet de 1992 l’ont rendu plus contradictoire que jamais, devenue la langue de bois du Grenelle de l’environnement. Depuis, le débat qui fait rage en France oppose « décroissance » et « croissance ». Bien que cette dichotomie simplifie les prises de positions, elle indique bien le sens des glissements actuels. La perspective du développement à tout prix Les intérèts économiques dominent la société et grugent inopinément le biosphère.
Vers ce pôle tendent ceux qui pactisent avec la pensée unique néolibérale: croissance illimitée, emplois (n’importe lesquels n’importe comment), vie quantitative définie par le PNB et la consommation, les ressources, les biens. Tout le reste n’est qu’externalités dont le modèle ne tient pas compte. Au meilleur, on leur impose un prix et le marché fait le reste. Gouvernance des marchés? On ne se pose même pas la question. | La perspective soutenable éco-économique L’économie dessert les besoins humains et ne déchire pas la toile de vie. Vers ce pôle tendent ceux qui prônent la simplicité volontaire, une activité humaine qualitative, et le respect de la biosphère dont dépend notre vie en tant qu’espèce. Il ne s’agit pas simplement d’une production et d’une consommation vertes, mais d’une gouvernance à la fois locale et mondiale. Bourse de carbone, d’accord, si encadrée dans une contraction et une convergence strictes et mondiales. |
Un récent numéro de La Décroissance fait le point, en citant nombreux porte-parole du Grenelle qui se disent écolos tout en appuyant le dérapage sarkozien vers un capitalisme sauvage ou (au mieux) adouci.
Christophe Barbier de L’Express : « Enfin on a parlé de croissance durable! Enfin on en a fini avec le mythe de la décroissance (soyons plus pauvres pour être plus propres), c’est la défaite des partisans de la lampe à l’huile et la vie dans les grottes… des idées idiotes, du genre rouler 10 km/h moins vite sur les routes… »
Dans Valeurs Actuelles, l’ex-ministre Luc Ferry prône une écologie qui
« s’intègre en douceur à l’économie du marché » au contraire du mouvement antilibéral animé par « la peur, le ressentiment, la volonté, toujours, d’interdire… limiter la vitesse à 120 km/h… un grand garçon, ça n’a pas peur…. La France a besoin d’une cure de libéralisme. » Poursuit Olivier Dassault : « C’est par le marché que le problèmes peuvent prendre leur solution. On l’a vu pour le CO2, où les droits à polluer se vendent en Bourse. »
Nicolas Hulot dans Libération : « Le déterminant du Grenelle sera d’être capable de donner un prix au carbone… Je me suis fait ma religion, c’est la colonne vertébrale des politiques publiques à venir. »
Dans Le Monde, Olivier Jay félicite « la fin des ayatollahs de la prudence, les ayatollahs verts » et selon Eric Le Boucher « ce principe [de précaution, par exemple dans le dossier OGM] est une ânerie chiraquienne… des ayatollahs verts». A la même adresse gît Claude Bébéar, ancien boursier mis en examen pour blanchiment des capitaux en 2001, président du think-tank néolibéral Montaigne, et membre de la commission Attali : [le principe de précaution] « est contraire à l’esprit de liberté et d’initiative… un réfus de la condition humaine. »
Malgré ce dédain pour Chiraq, lui aussi fait partie du choeur: « Il n'y a pas de maîtrise de l'environnement par la baisse de croissance. » (Nouvel Obs 1-7 fév 2007, p.25)
La recette de Jacques Attali, auteur de la Brève histoire de l’avenir devenu fer de relance du marché sous Sarkozy : « Reduire les coûts des biens de consommation pour relancer la croissance sous toutes ses formes, pour créer des emplois ». Il faut « libéraliser et déréguler » dixit son rapport télévisé du 22 janvier 2008.
Références:
- La Décroissance, Casseurs de pub
- Wikipédia l'historique du développement durable, sa défense par Brundtland, ses contradictions selon Alain Lipietz et les Amis de la terre
- Éco-économistes : les Verts français, Mouvements.be, Serge Latouche « A bas le développement durable ! Vive la décroissance conviviale ! », son vidéo « La décroissance, une utopie? »; Hervé Kempf et son vidéo tourné au Québec.
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